Laura Pardini



Les objets de la Loba

Dimensions variables
Céramique, boite métallique, câble électrique, plâtre, bois, graine, et pièce
2020


Cette série de sculptures commence autour d’un jeu de reproduction d’objets dont la fonction a traversé les âges. Il y a une carte, un miroir, une hutte et son foyer, et une amphore. Le premier nous situe, le second nous identifie, le troisième nous réchauffe, nous protège et nous rassemble et le dernier nous abreuve.
Ces objets sont tracés, comme s’ils n’étaient que dessin, en tissage via du fil d’électricien, à la fois souple et rigide. À ce premier élément s’ajoute des pièces en céramique. Trois sont des plaques de forme vaguement ovale qui reprennent chacune des états de la surface de l’eau : balayée par le vent et brillante sous un soleil rasant, tambourinée par la pluie et grisée par les nuage, et agitée de légère vaguelettes sous l’ombre des arbres. La dernière pièce en céramique elle, a une forme de demi-sphère et mime les traits d’une cabane de fortune tout en ayant l’aspect d’un bois léché et noirci par feu et qui finit par être brillant.

Après le fil d’électricien, matériaux de la modernité puisque le transmetteur de l’électricité, est la céramique, matériaux ancestral, s’ajoute des socles en plâtre blanc texturé. Cette texture pourrait aussi rappeler différentes techniques de construction, du torchi, au pisé en passant par la chaux des adobes. Au-delà de la fonction première du socle, c’est-à-dire portée à hauteur de l’oeil des sculptures, ces quatre éléments appartiennent tous à une même forme de cône cylindrique qui aurait été tranché, plaçant les objets à différents étages d’une pyramide qui reprendrait les bases des besoins en tant qu’être humain; se situer dans le monde, s’identifier en tant qu’individu, marquer un repère avec son foyer et subvenir à ses besoins physiques (boire, manger, se reposer).

Cette série, cette installation, où des éléments naturels comme l’eau, traversent des objets manufacturés est comme un ping-pong entre deux idées semblants contraires. La nature, la fabrication humaine, le blanc du plâtre et le noir des structures, le poudreux du plâtre et la brillance de la céramique, la fragilité de cette dernière avec la souplesse du fil et la dureté du plâtre. La fluidité et l’intemporalité de l’eau avec la matière et la fonction des objets. Mais ces idées ne s’opposent pas, elles se traversent et s’interpénètrent comme appartenant finalement à un tout. Tout est en toute chose, nous ne sommes que des molécules assemblées dans un ordre ou un autre, matière de l’univers.

Le titre s’inspire d’un mythe retranscrit dans le livre de Clarissa Pinkola Estes « Femmes qui courent avec les loups, Hitoires et mythes de l’achétype de la Femme Sauvage ».